Le centre d'oncologie mène une importante activité de recherche qui fait partie intégrante de sa mission.
Ses domaines de recherche principaux sont les suivants:
- Tumeurs du cerveau: l'espoir de l'immunothérapie
- Oncogénétique
- Cancers du colon: vers un traitement personnalisé
Tumeurs du cerveau : l’espoir de l’immunothérapie
Les tumeurs du cerveau sont mal connues du public. Pourtant, elles sont la première cause de mortalité par cancer chez l’enfant, la troisième cause chez l’adulte jeune. Les traitements actuels ne parviennent pas à enrayer leur évolution qui est non seulement fatale, mais aussi dévastatrice. En effet, ces tumeurs se développent dans les zones du cerveau qui contrôlent nos émotions et nos sens ou encore nos capacités à marcher, parler, écrire, sentir, aimer, penser. Ainsi les malades de tout âge et leurs familles affrontent une double épreuve, celle d’une maladie cancéreuse fatale et celle de la dégradation de l’individu dans ses fonctions humaines, avec une perte de l’autonomie et des fonctions essentielles ou encore l’apparition de troubles du comportement.
Il est urgent de trouver de nouvelles stratégies thérapeutiques. La plus prometteuse est probablement l’immunothérapie dont le but global est d’exploiter les capacités naturelles de notre système de défense appelé système immunitaire. Au cours des dix dernières années, notre équipe a grandement contribué à comprendre comment notre système immunitaire peut nous défendre contre la croissance des tumeurs dans le cerveau et comment ce système de protection peut être mis en défaut par la tumeur. Notre objectif d’aujourd’hui est d’exploiter ces nouvelles connaissances pour développer de nouvelles stratégies de traitement applicables à l’être humain.
Deux approches complémentaires seront menées en parallèle chez les patients souffrant d'une tumeur au cerveau:
- La vaccination, dont les premiers tests chez l’être humain débutent dans le monde grâce aux récents résultats obtenus à Genève. Nous avons en effet identifié 10 antigènes de gliomes, qui sont des fragments de protéines présents à la surface des cellules tumorales, mais peu ou pas à la surface des cellules normales du cerveau. Les lymphocytes T, cellules du système immunitaire, sont capables de reconnaître ces antigènes et détruire ainsi les cellules tumorales qui les portent, tout en épargnant les cellules normales (et minimisant ainsi les risques de toxicité). Ces antigènes sont actuellement utilisés dans une 1re génération de vaccins thérapeutiques afin de déclencher une réponse du système immunitaire qui cible sélectivement les cellules sans attaquer les cellules normales. L’étape suivante (déjà en développement) est d’exploiter cette piste et de « fabriquer » des vaccins personnalisés, c'est-à-dire différents pour chaque patient en fonction des caractéristiques précises de sa tumeur. Ce projet ambitieux entre dans le cadre d’un vaste projet européen dont l’étude clinique (pour les patients) sera coordonnée par Genève dès 2014.
- La thérapie cellulaire, où l’on utilise les cellules comme un médicament, en préparant les lymphocytes au laboratoire afin qu’ils reconnaissent sélectivement la tumeur et qu’ils soient capables d’atteindre leur cible dans le cerveau après avoir été perfusés au patient. Cette deuxième approche est plus complexe, mais avec un potentiel thérapeutique remarquable.
Tous les ingrédients sont présents au sein des HUG pour assurer le succès de ce projet ambitieux. Tout d’abord, ce développement de tests chez les patients est soutenu par l’équipe de scientifiques qui dynamisent le laboratoire d’immunologie des tumeurs du service d’oncologie depuis plus de quinze ans. Ce socle scientifique permettra l’intégration rapide et constante de toutes les nouveautés conceptuelles dans les traitements en développement. De plus, le centre d’oncologie a récemment ouvert une unité dédiée à l’administration de nouveaux médicaments et aux premières étapes de nouvelles stratégies de traitement chez l’homme (deuxième de ce type en Suisse). Cette structure apporte la professionnalisation indispensable pour la réalisation de ces étapes initiales très délicates et demandant un savoir-faire particulier. Enfin, les HUG ont récemment ouvert un centre de thérapie cellulaire qui permet de préparer les cellules-médicaments dans des conditions très strictes répondant aux exigences suisses et internationales (1er centre en Suisse romande).
Il s’agit d’un projet ambitieux, qui cependant offre une réponse au formidable défi posé par les tumeurs du cerveau et apporte un espoir très concret aux patients souffrant de ce fléau et à leurs familles.
Responsables : Dr Paul R Walker et Pr Pierre-Yves Dietrich